Isabelle Luciani – L’évaluation permanente comme levier privilégié de la LPR : à l’aube du modèle anglo-américain ?

Longtemps dominées par les questionnaires étudiants, les évaluations de l’enseignement dans le monde anglo-américain, devenues fondamentales comme levier de gestion managériale des personnels et comme outil de concurrence et de benchmarking entre les universités, s’appuient aujourd’hui sur des approches « multifactorielles », emboîtées, envahissantes et ambiguës, coulant dans des dispositifs formatifs séduisants des évaluations sommatives brutales. Entre de réels bons sentiments et les pires dérives du New Public Management (généralisation des rétributions aux mérite, rétrogradation de salaires, licenciements…), la machine à évaluer l’enseignement présente deux facettes opposées, la première aidant à justifier, et à faire accepter, la seconde. A voir comment ont évolué les évaluations permanentes dans le monde anglo-américain, on peut se demander ce qu’il restera bientôt de notre métier, et des libertés académiques d’enseigner et de chercher… L’évaluation pédagogique fait partie du maillage d’évaluation généralisée (incluant celui de la recherche) qui va pouvoir, dans la logique gestionnaire de la LPR, gérer les équipes et leurs moyens (humains et financiers) en utilisant les individus comme variables d’ajustement des besoins, c’est-à-dire en légitimant par l’évaluation la charge de travail et les tâches imposées à chacun.

Pour le dossier complet du SNESUP-FSU sur la mise en oeuvre de l’évaluation pédagogique :