Communiqué du 3 mai 2023. La vérité sur l’occupation du bâtiment Egger par les étudiant.es de l’UFR Arts, Lettres, Langues et Sciences humaines (ALLSH)

De nombreux mensonges courent sur cet épisode, visant à discréditer le mouvement étudiant et ayant pour effet de ternir l’image d’une lutte légitime. Le SNESUP ALLSH tient à rétablir la vérité, vérité dont plusieurs de ses membres ont été les témoins directs, en rappelant ces quelques faits :

  • Le 21 mars, les étudiant.es en lutte occupent pacifiquement l’amphi Guyon (https://academia.hypotheses.org/47039, « Dans l’amphi Guyon occupé ») ;
  • Le 11 avril, les étudiant.es occupent le bâtiment Egger, bloquant ses accès au moyen de tables et de chaises et avançant un cahier de revendications destinées à favoriser la généralisation de la mobilisation étudiante contre la loi sur les retraites. Les étudiant.es s’engagent à lever cette occupation et à remettre le mobilier en l’état dès que des négociations sérieuses seront engagées, sans prétendre que leurs revendications, nombreuses et diverses, soient toutes satisfaites. L’occupation ne s’étend pas au reste du campus Schuman, qui demeure totalement paisible. L’occupation du bâtiment Egger doit notamment permettre au plus grand nombre d’étudiant.es de participer à l’Assemblée générale du midi, et de se prononcer en toute liberté sur le mouvement social et les formes d’action.
  • Le matin même, la direction décide de fermer l’ensemble du campus des Lettres, faisant appel à la société de sécurité ONET pour en bloquer les accès, réduisant l’assemblée générale étudiante – celle que les étudiants en lutte espéraient nombreuse et qui aurait eu, d’ailleurs, le pouvoir de voter la levée de l’occupation – à se tenir de part et d’autre de la grille fermant le site, donc en partie dans la rue (Assemblée générale elle-même durement négociée avec la direction de l’UFR, qui avait initialement fermé les barrières mobiles permettant d’aller du bâtiment Egger à l’entrée Schuman).
  • Les personnels de l’UFR de Droit peuvent accéder à leur campus en traversant celui des Lettres et en y garant leur véhicule, la crèche d’établissement continue de fonctionner en toute sécurité – elle est située à proximité immédiate de l’amphi Guyon, lieu de ralliement des occupants et seul accès demeuré ouvert au bâtiment Egger –, mais tous les autres bâtiments, pourtant libres de toute occupation, sont interdits aux personnels de l’UFR ALLSH. La direction se retranche dans le bâtiment de la Scolarité, où quelques personnels préparent la tenue des examens.
  • Aucun arrêté de fermeture administrative n’est publié par la présidence et les personnels sont placés dans une position intenable, entre des communiqués suspendant toute activité et d’autres qui leur enjoignent de basculer en télétravail pour les tâches administratives et les épreuves du contrôle continu.
  • Le 14 avril, à la demande de l’intersyndicale, un rendez-vous est convenu avec la direction de l’UFR à 11h. Avant cette entrevue (compte rendu diffusé : file:///C:/Users/isluc/Downloads/cr-entrevue-direction-ufr.pdf),   les   membres   de l’intersyndicale (FO, SGEN CFDT, SNESUP, CGT, SUD, ainsi que des collègues indépendant.es) ont tenu à rencontrer les étudiant.es occupant la faculté des Lettres ; ils pénètrent dans le bâtiment Egger et l’amphi Guyon et ne constatent aucune dégradation des lieux (des photos ont été diffusées).
  • Le 18 avril, à la demande du président, qui lui-même répond à celle du directeur de l’UFR, la police pénètre sur le campus et évacue, sans violence physique (à part un étudiant traîné sur le sol, qui n’est pas blessé), le bâtiment EGGER. Certain.es étudiant.es ne récupéreront leurs effets personnels qu’après les vacances, une dizaine de jours plus tard.
  • Le même jour, un rassemblement de soutien aux étudiant.es en lutte, auquel participent de nombreux personnels, se tient à l’entrée rouverte du campus, puis se transforme en un cortège qui reprend symboliquement possession du parvis – sans chercher un seul instant à pénétrer dans les locaux – et traverse ensuite, brièvement et sans en troubler la quiétude, le campus de droit en chantant des slogans.

La direction décide de refermer le campus et d’en suspendre à nouveau les activités (voir le communiqué CGT/SNESUP/SUD du 21 avril : https://snesupamu.com/2023/04/23/communique-cgtsnesup-fsusud-denoncant-la- politique-menee-sur-le-campus-de-lufr-allsh/)

  • Le même jour, est publié sur le site de l’université, et transmis à la chancellerie, un arrêté de fermeture administrative antidaté du 12 avril.
  • Le 19 avril, un membre du SNESUP ALLSH dépose un référé liberté auprès du Tribunal administratif de Marseille, au nom de ses collègues syndiqués.
  • Le 21 avril, la présidence, motivée par ce référé qu’elle rend caduque, décide la réouverture du site pour le lundi 24. (voir : https://academia.hypotheses.org/48570)
  • Un conseil d’UFR exceptionnel se tient le même jour, à la demande de l’intersyndicale du personnel, au cours duquel le directeur accepte le principe d’une visite contradictoire des locaux occupés, afin de constater des dégâts éventuels ; elle n’a pas lieu, car au dernier moment il refuse la présence d’une étudiante représentant les étudiants en lutte, revenant de façon flagrante sur ses engagements.
  • Lundi 24 avril, deux enseignant.es-chercheur.es syndiqué.es au SNESUP visitent le bâtiment EGGER et constatent l’absence de graffiti et de toute forme de dégradation volontaire. Aucun des bureaux où travaillent les personnels n’a été ouvert, les lieux ont fait l’objet d’un respect scrupuleux de la part des occupant.es. Seule une petite dizaine de tables neuves ont été endommagées, involontairement, du fait de leur utilisation dans la confection des barricades.

Le SNESUP ALLSH témoigne donc de ce que les étudiant.es ont occupé paisiblement le bâtiment EGGER, sans lui infliger de dégradations, sans créer la moindre menace, ni la moindre insécurité sur le campus des Lettres. Nous condamnons la fermeture autoritaire et infondée du campus, le refus de négocier sérieusement avec les étudiant.es, l’absence de toute concertation avec les personnels et leurs organisations syndicales. Il condamne l’intervention de la police, violation du principe séculaire de la franchise universitaire. La direction a constamment tenu un discours alarmant, dénonçant une insécurité imaginaire, faisant courir des bruits mensongers sur la situation réelle du campus et sur un prétendu danger suscité par l’opposition de groupes d’étudiant.es d’extrême droite, accusant de façon calomnieuse les étudiant.es de dégradations qui n’ont pas été commises. Ce discours et les décisions arbitraires qu’il prétend justifier n’ont eu d’autre effet que d’étouffer le mouvement étudiant contre la loi sur les retraites, pourtant refusée par une très large majorité de citoyens. Le SNESUP ALLSH déclare son respect et son admiration pour les étudiant.es du comité de mobilisation qui, dans l’indifférence d’une bonne partie de la communauté universitaire, ont tenté une action légitime pour élargir au sein de l’UFR la protestation contre la régression sociale et la confiscation par le gouvernement de toute démocratie.

Pour plus de précision, on pourra consulter les documents suivants :

Aix-en-Provence, le 3 mai 2023

Le bureau SNESUP-FSU ALLSH